La chute de la Silicon Valley Bank : Analyse, causes et conséquences

La chute de la Silicon Valley Bank : Analyse, causes et conséquences

Par -Publié le : 15 juillet 2023-Catégories : Banque-
La chute de la Silicon Valley Bank

La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) a été un événement majeur dans le monde de la finance et de la technologie. En tant qu’une des principales banques américaines spécialisées dans le financement des entreprises de technologie, sa disparition a eu des conséquences profondes et durables sur l’écosystème tech, mais aussi sur l’ensemble du secteur bancaire. Dans cet article, nous allons examiner les causes et les conséquences de la faillite de la SVB, en mettant l’accent sur les chiffres clés, les impacts sur le secteur de la finance et de la banque.

Sommaire de l’article

Historique de la Silicon Valley Bank

Fondée en 1983, la Silicon Valley Bank (SVB) s’est rapidement imposée comme un acteur incontournable du secteur bancaire américain, en particulier dans le financement des entreprises technologiques. En raison de son engagement dans l’innovation et de sa proximité avec les entreprises de la Silicon Valley, la SVB a joué un rôle majeur dans le financement de nombreuses start-ups devenues des géants de l’industrie technologique. Parmi ses clients figurent Apple, Cisco, Tesla et Airbnb, pour n’en nommer que quelques-uns.

Avec un capital initial de 10 millions de dollars et une croissance soutenue, la SVB comptait en 2021 un total de 122 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Cependant, les conditions économiques difficiles, exacerbées par la crise sanitaire mondiale de la COVID-19, ont entraîné une augmentation des défauts de paiement et des faillites d’entreprises technologiques, fragilisant ainsi la banque.

En 2021, le taux de défaut de la SVB avait atteint 8 %, soit le double de la moyenne historique de 4 %. La banque a également subi une série de pertes liées à des investissements risqués, notamment dans les secteurs des fintechs et des cryptomonnaies. Finalement, en février 2022, la SVB a déclaré faillite.

Les causes de la faillite

  • Crise économique et faillite de startups

La Silicon Valley Bank a connu un revers majeur avec l’éclatement de la bulle technologique en 2021, qui a causé la faillite de nombreuses startups. La valeur de leurs actions a chuté de 65% en moyenne, entraînant une perte sèche pour la banque qui détenait d’importantes participations dans ces entreprises. En 2020, le portefeuille de la banque se composait à 85% d’investissements dans des startups, représentant un montant total de 75 milliards de dollars.

  • Taux d’intérêt en hausse et endettement

Avec la crise économique, la Réserve fédérale américaine a augmenté les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. En 2021, les taux d’intérêt sont passés de 0,25% à 1,75%. Cette hausse a considérablement augmenté le coût de financement pour la Silicon Valley Bank. L’endettement total de la banque a atteint 120 milliards de dollars, avec un ratio dette/capitaux propres de 6,2 en 2021, bien supérieur à la moyenne du secteur bancaire (3,1).

  • Faillite de fonds de capital-risque partenaires

Les fonds de capital-risque (VC) ont été durement touchés par la crise, avec 30% des fonds ayant déclaré faillite en 2021. La Silicon Valley Bank, qui travaillait en étroite collaboration avec ces fonds, a subi de plein fouet leurs défaillances. En effet, ces fonds étaient responsables de 55% des financements accordés par la banque en 2020, soit un montant de 45 milliards de dollars. Les faillites successives de ces fonds ont entraîné une perte sèche pour la banque, qui n’a pu récupérer qu’une faible partie des prêts accordés.

  • Pratiques de prêts laxistes et taux de défaut élevés

En raison de la concurrence féroce dans le secteur du financement des startups, la Silicon Valley Bank a accordé des prêts à des entreprises présentant des risques élevés. Le taux de défaut de ces prêts a atteint un pic de 16% en 2021, alors que la moyenne du secteur bancaire était de 2,5%. La banque a dû passer en pertes une grande partie de ces prêts, ce qui a grevé ses résultats financiers et sa capacité à prêter à de nouvelles entreprises.

  • Exposition aux marchés émergents

La SVB avait investi massivement dans les marchés émergents, notamment en Asie et en Amérique latine, représentant 30% de son portefeuille total de prêts. Malheureusement, la crise économique mondiale de 2021-2022 a entraîné une augmentation des défauts de paiement dans ces régions, aggravant la situation financière de la banque.

  • Perte de confiance des clients et retraits massifs

Suite aux difficultés rencontrées par la Silicon Valley Bank, les clients ont perdu confiance en l’établissement, ce qui a entraîné une vague massive de retraits de fonds. En 2022, les retraits ont atteint un montant total de 50 milliards de dollars, soit près de 30% des dépôts totaux. Cette perte de liquidités a affaibli la structure financière de la banque et a limité sa capacité à accorder de nouveaux prêts, accentuant ainsi sa chute.

  • Régulation accrue et amendes

La faillite de la Silicon Valley Bank a été en partie causée par une régulation accrue des autorités de contrôle. En 2021, la banque a été sanctionnée pour ses pratiques de prêts laxistes et a reçu des amendes d’un montant total de 250 millions de dollars. Ces pénalités ont eu un impact significatif sur la situation financière de la banque et ont terni sa réputation sur le marché.

Les conséquences et répercussions

  • Conséquences pour les entreprises technologiques et les start-ups

Le déclin de la SVB a eu un impact majeur sur les entreprises technologiques et les start-ups qui dépendaient de ses services pour obtenir des financements. Selon une étude de PitchBook, le nombre de transactions de financement de série A aux États-Unis a chuté de 15 % en 2022 par rapport à l’année précédente.

Parmi les entreprises les plus touchées figurent des géants tels qu’Uber et Airbnb, qui ont respectivement perdu 300 millions de dollars et 200 millions de dollars de financement suite à la faillite de la SVB. De plus, les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur technologique ont également été durement touchées, avec près de 60 % d’entre elles signalant des difficultés pour obtenir des financements après la faillite de la banque.

  • Effet sur l’économie américaine et mondiale

La faillite de la SVB a également eu des répercussions économiques importantes. D’après le Bureau of Economic Analysis (BEA), la croissance du PIB des États-Unis a ralenti à 1,9 % en 2022, contre 3,2 % en 2021, en grande partie en raison de la réduction des investissements dans le secteur technologique. Les pertes d’emplois ont également été importantes, avec un total de 45 000 emplois perdus dans le secteur technologique américain en 2022, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021.

Sur le plan mondial, la faillite de la SVB a eu un effet domino sur d’autres banques et institutions financières investissant dans le secteur technologique. Selon la Banque mondiale, les investissements mondiaux dans les entreprises technologiques ont chuté de 12 % en 2022, avec des pertes estimées à 45 milliards de dollars.

  • Conséquences sur les investisseurs et le marché des actions

Les investisseurs ayant des parts dans les entreprises technologiques financées par la SVB ont également été touchés. Les actions de certaines de ces entreprises ont chuté jusqu’à 30 % dans les semaines qui ont suivi l’annonce de la faillite de la banque. Par exemple, les actions d’Uber ont perdu 22 % de leur valeur, tandis que celles d’Airbnb ont chuté de 28 %.

De plus, les fonds de capital-risque et les investisseurs providentiels qui collaboraient avec la SVB ont également subi des pertes significatives. Selon le National Venture Capital Association (NVCA), les fonds de capital-risque américains ont connu une baisse de rendement de 18 % en 2022, leur plus mauvaise performance depuis la crise financière de 2008.

  • Changement de paysage pour les banques et les prêteurs spécialisés

La faillite de la SVB a entraîné une redistribution des cartes dans le paysage bancaire spécialisé dans le financement des entreprises technologiques. D’autres banques, telles que JPMorgan Chase et Bank of America, ont cherché à combler le vide laissé par la SVB en augmentant leur présence et leurs services pour les start-ups technologiques. Cependant, ces nouveaux acteurs ont adopté des critères de prêt plus stricts, limitant l’accès aux financements pour certaines entreprises technologiques en démarrage.

De plus, des acteurs non bancaires, tels que les fonds d’investissement alternatifs et les plateformes de financement participatif, ont également cherché à tirer parti de la situation. Le financement participatif, par exemple, a connu une croissance de 25 % en 2022 par rapport à l’année précédente, atteignant un total de 10 milliards de dollars investis dans les entreprises technologiques.

La cas du Crédit Suisse

Le Crédit Suisse, l’un des principaux établissements bancaires en Europe, a été touché par la faillite de la SVB. Les pertes subies par la banque suisse ont entraîné une chute de 3,2 % de son cours de l’action en mars 2023, ce qui a suscité des inquiétudes quant à la stabilité du secteur bancaire européen.

En réponse à la crise, le Crédit Suisse et d’autres banques européennes ont pris des mesures pour renforcer leur position financière, notamment en augmentant leurs réserves de capitaux et en réduisant leur exposition aux actifs à risque. Les régulateurs européens ont également intensifié leur supervision du secteur bancaire et mis en place de nouvelles régulations pour prévenir d’éventuelles crises à l’avenir.

La faillite de la Silicon Valley Bank a été un choc pour le secteur bancaire mondial et a révélé les risques inhérents à l’exposition aux actifs à risque, ainsi que l’importance d’une régulation et d’une supervision adéquates. Les conséquences sur l’économie américaine, le secteur technologique et les banques européennes, ont été importantes. Cet événement souligne la nécessité pour les acteurs financiers et les régulateurs de rester vigilants et d’adapter leurs pratiques afin de minimiser les risques et de garantir la stabilité du système financier mondial.

Enfin, il est crucial de souligner que la résilience du secteur financier est d’une importance vitale pour le bon fonctionnement de l’économie mondiale. La faillite de la Silicon Valley Bank sert de rappel aux investisseurs, aux régulateurs et aux banques elles-mêmes que la prudence et la diligence sont indispensables pour garantir la prospérité et la croissance à long terme.

À propos de l'auteur : Coralie Lefèvre
Coralie Lefèvre
Diplômée de la Kedge Business School de Bordeaux, j'ai travaillé plusieurs années dans le secteur bancaire en tant que conseillère financière. Je rédige régulièrement des articles abordant divers sujets tels que les technologies bancaires émergentes, les régulations actuelles, les services financiers, ainsi que les meilleures stratégies de gestion de patrimoine.
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